Salut les Doers et les Makers,
Le droit à la paresse et bosser 3 heures par jour, ça vous dit ?
Visiblement nos tribuns aux tambourins digitaux se sont emparés du sujet de la paresse.
Que ce soit à l’Assemblée ou sur les réseaux sociaux, ils fragmentent, s’indignent à la clochemerle sans le talent de son auteur.
Alors j’ai ressorti ma vieille édition du “droit à la paresse” de Paul Lafargue (Maspero 1978).
C’est un pamphlet féroce d’une trentaine de pages, traduit dans de multiples langues européennes – du russe au yiddish-, un classique de la propagande socialiste du XIXème siècle.
En épousant Laura, Paul Lafargue est devenu le gendre de Karl Marx, l’apôtre du droit au travail, au service duquel il met sa plume. Friedrich Engels est leur ami à tous deux.
Selon Lénine, Lafargue est “l’un des propulseurs les plus doués et les plus profonds du marxisme”.
Il est pourtant paradoxal et aime choquer.
Il écrit que le “Droit au travail n’est que le droit à la misère”.
Il éclabousse aussi bien la classe ouvrière “pervertie par le dogme du travail” que la bourgeoisie “accroupie dans la paresse absolue” et insiste : “L’abstinence à laquelle se condamne la classe productive oblige les bourgeois à se consacrer à la surconsommation des produits qu’elle manufacture désordonnément”.
Enorme, non ?
Il traite d’Auvergnats (d’Ecosse, d’Espagne, d’Allemagne…) tous ceux qui aiment le travail comme une nécessité organique.
Le travail -si ramené à de sages limites- est un “exercice bienfaisant à l’organisme humain” et “condiment de plaisir de la paresse”.
Trop fort !
Epicurien, il recommande aux ouvriers de “ne travailler que trois heures par jour, à fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit”.
Médecin, il insiste sur les méfaits de la vie déraisonnable et débauchée de la bourgeoisie.
Il écrit que le salariat est “le pire des esclavage” et que “la machine est le rédempteur de l’humanité…le Dieu qui lui donnera des loisirs et la liberté”.
A son époque, règnent des journées de travail de 12 heures sans repos dominical, travail que l’on inflige à des enfants dès l’âge de 8 ans.
Visionnaire, il pressent que le futur problème sera moins la production de masse que “de découvrir des consommateurs, d’exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices”.
Enfin, il a prémédité de longue date de se suicider, en entrainant son épouse avec lui : “Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse …ne fasse de moi une charge à moi-même et aux autres…Depuis des années, je me suis promis de ne pas dépasser les soixante-dix ans…”
Il a donc fait ce choix radical de refuser une vieillesse oisive et paresseuse, à la charge des autres.
Un comble, non ?
Savourons la verve de Paul Lafargue écrivain et respectons son engagement social.
Mais le sortir de son contexte et de son époque est proprement ridicule.
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