Salut les Doers et Makers, cette semaine, je voulais vous parler d’Homo Numéricus de Daniel Cohen qui nous a quitté cet été. C’est un ouvrage bourré d’intelligence – je pèse mes mots- édité chez Albin Michel. Daniel Cohen était à la fois économiste et un formidable pédagogue.
L’homme et la machine
Je ne vais pas vous résumer son livre mais juste essayer de vous donner envie de le lire.
- 1er constat : révolution numérique = biais de confirmation
Elle nous crétinise : quand on va sur les réseaux sociaux, on n’y va pas pour apprendre mais pour retrouver le groupe qui pense comme nous.
Ce n’est donc pas l’Agora espérée qui domine mais le crétin digital. - 2ème constat : “l’homme est corps et esprit, la machine n’est ni l’un ni l’autre…Aujourd’hui avec l’intelligence artificielle c’est la machine qui devient humaine”. L’homme devra-t-il être augmenté pour conserver sa place ?
La nature de l’homme est “dialogique” : il bâtit et argumente sans cesse des théories, conserve celles qui l’arrangent et élimine celles qui le dérangent.
Bienvenue aux robots : Comment la machine va-t-elle développer sa pensée algorithmique et rationnelle face aux modes de pensée irrationnels et émotionnels développés dans les réseaux sociaux ?
Avec la révolution numérique et Wikipedia, on attendait une révolution à la Gutenberg, décloisonnant les savoirs, mais c’est la télévision 2.0 qui domine, avec un “infinity scroll” des écrans sur mobile qui nous enchaîne de façon addictive et compulsive (avec le FOMO : le Fear Of Missing Out).
Bienvenue dans la dystopie black mirror : on a l’amour selon Tinder, le capitalisme de surveillance, la note sociale (la Chine, Uber, Rbnb… et tous les automates de feedback : même combat).
Bienvenue dans l’industrialisation des services : bientôt parler à un humain sera le graal.
Fini le plaisir de conduire ; ce sont les voitures qui dialoguent entre elles pour éviter les accidents….
Bienvenue dans la croissance appauvrissante : la technologie numérique qui est censée améliorer les conditions d’existence est paradoxale ; c’est une techno appauvrissante qui enrichit quelques-uns au dépend du plus grand nombre défavorisé.
Bienvenue dans un monde aux ressources limitées : Les chimpanzés face à la rareté des ressources font la guerre, les bonobos dans l’abondance vivent en paix. L’homme sera-t-il plutôt compétitif ou plutôt coopératif ?
Sociétés de chasseurs cueilleurs organisés en petits clans, puis agraires, religieuses et hiérarchiques avec l’invention de l’agriculture puis de l’industrie pendant ces 10.000 dernières années, nous touchons à une nouvelle phase de notre évolution avec la révolution digitale.
Où allons nous ? Cette relation horizontale de l’entre-soi tribal des réseaux sociaux est-elle l’avenir ? Quel est le sens du projet post humaniste ?
Daniel Cohen conclut : “C’est sur cette planète qu’il faut accepter de vivre”.
